samedi 16 mars 2013

Deux ans.


Deux ans.

Cela fait deux ans que j’ai atterri à San Francisco, ne pensant alors y poser mes valises que pour 6 mois, peut-être 12. D’ailleurs, c’était une valise, une seule, une valise d’un voyageur qui ne ferait que passer. Les premiers mois sur place, je n’achetais pas grand chose, pensant qu’il faudrait remporter tout ça, dans une autre valise, bientôt. Et puis un beau jour, le bientôt prit une autre dimension. Oui, je rentrerais bientôt, mais pour mieux revenir. Depuis ce jour, le bientôt n’a cessé d’être élastique. Elastique dans le temps -oui, je « rentre » bientôt, en vacances, dans 6 mois. Ce n’est pas si long, 6 mois. Elastique dans le sens – je ne sais pas encore si je vais « rentrer » un jour, je n’ai pas de projet qui me ramène vers la France pour le moment. D’ailleurs je ne dis plus France, mais Europe. Mais surtout, élastique car je passe ma vie à « rentrer », dans un sens ou dans l’autre. Je « rentre » en France, comme je « rentre » à San Francisco.  Cette ville de passage, est devenue un nouveau chez moi. Un autre chez moi. Les premiers mois, la fascination et l’excitation liées à la découverte me faisaient idéaliser cette nouvelle ville, cette nouvelle vie. J’ai passé une délicieuse lune de miel avec San Francisco, à San Francisco. Nous nous aimions, réciproquement. Et puis le temps à passé, et j’ai commencé à remarquer  ses défauts, avec une acuité grandissante. A lui reprocher tout ce que la France avait, et qu’elle n’avait pas. Tout ce que « l’Europe » avait, et qu’elle n’avait pas. Mais j’ai dû me rendre à l’évidence : pour lui faire de l’ombre, il fallait plus qu’une ville, mais au moins un pays –ou 27. Aucune ville, seule, ne pouvait rivaliser avec ses charmes. La culture, les valeurs, les cultures, le soleil, l’architecture, la nature, les gens comme ci, et les gens comme ça, la cuisine mais aussi toutes les cuisines,  la technologie, et l’énergie débordante. Et une grande tranquillité.

Alors, je suis restée.