lundi 28 mars 2011

Double rainbow


Non, je n'ai pas disparu au Mexique ou dans une communauté hippie - pas encore du moins.


Je ne me suis pas non plus noyée dans les mètres cubes d'eau qui sont tombés sur San Francisco la semaine dernière. Je n'ai même pas dévalé sur les fesses une seule colline à cause de mes semelles glissantes. Je n'ai pas perdu mon parapluie. 

Non, je me suis exilée au musée. 


Après-midi au musée De Young

Au SF MoMA tout d'abord, en nocturne. Une exposition temporaire était consacrée à une histoire croisée de l'art du XXème siècle, avec des oeuvres rassemblées par thème. Dans la collection on pouvait notamment retrouver l'emblématique "Fontaine" de Duchamp, parmi une très belle sélection. Quelques coups de coeur :

Henri Matisse, La conversation



Marcel Duchamp, Fontaine

Joan Miro, Femme et oiseau



Mark Rothko, captivant.


Andy Warhol, sérigraphie d'Elizabeth Taylor 

Les sérigraphies d'Elizabeth Taylor par Andy Warhol vues ce jour là forment le plus bel hommage, émouvant puisqu'involontaire, à une femme qui était passée depuis longtemps du côté des Etoiles. 

De nombreuses autres collections sont exposées, je n'ai pas eu le temps d'en découvrir la moitié. 

Pour les plus aventureux (vertigineux s'abstenir), une "oeuvre" contemporaine permet d'accéder à une autre partie du musée ... Il s'agit d'une passerelle au dessus du vide (environ 3-4 m de long ?) au niveau du 4 ou 5 ème étage environ. 

Vue d'en bas - ne venez pas en jupe ! 

Pour résumer, un musée très riche et agréable, dans lequel je m'empresserai de retourner. Avec mon appareil photo cette fois, la quasi-totalité des images figurant ici ayant été empruntées via M. Google ahem ...

J'ai profité du week-end pour aller au musée / fondation De Young. Un endroit ... hétéroclite. Je n'ai jamais passé autant de temps dans un musée. Je n'ai jamais vu autant de choses affreuses dans un musée. Je n'avais jamais vu tant de choses différentes dans un musée. Les musées ici sont assez différents des musées européens, en ce qu'ils consistent davantage en des accumulations de collections données par des mécènes, qu'en des parcours thématiques ordonnés. 

De Young = Musée des Arts Décoratifs + Musée d'Art Moderne + Musée des Arts Premiers + Musée de la Mode et du Textile + (Musée d'Orsay - les chefs d'oeuvre) + Bristish Museum + E...

Vous croyez que j'exagère ? Je peux vous faire un inventaire à la Prévert. J'y ai vu : des robes Balenciaga, des reproductions (!!!) de Velasquez, des masques en pierre Olmec de plusieurs tonnes, des habits d'esquimaux, des chaises de Frank Lloyd Wright, des totems du Pacifique, une sculpture de Nick Cave, des tableaux américains du XVIIème siècle, un double rainbow, une église en cartouches et pièces de fusil, des tableaux Beat ...

Une découverte au "rayon contemporain" : 



Rupert Garcia


Après ... des heures ... au De Young museum, une éclaircie me permet de me lancer dans l'exploration du Golden Gate Park, qui lui sert d'écrin (ainsi qu'à la Californian Academy of Sciences, juste en face). 

Ce parc est paraît-il le plus grand parc urbain des Etats-Unis. On y trouve des lacs, peut-être une dizaine, et des arbres centenaires. Plusieurs jardins, un terrain de polo, des chapiteaux d'équitation, et des eucalyptus à foison. On y croise des écureuils et des joggers. A quelques mètres de la ville, on vient y chercher une bouffée d'air frais, une sensation d'immensité. Ce parc pourrait être formidable. Si seulement ... 




... on pouvait y marcher 50 mètres sans rencontrer une voiture. En effet, le parc est malheureusement traversé de toutes parts de routes et de parkings. Pour les grands outdoors américains, j'irai donc chercher du côté des parcs nationaux ! 

Cette semaine pluvieuse a aussi été l'occasion de faire davantage connaissance avec mes "collègues", mes colocs, des restos et d'autres quartiers... Une semaine arc-en-ciel donc, comme celui que j'ai vu se refléter dans l'eau de la baie, un jour en rentrant du travail.  Oui, parce que je travaille ! 

Mon emploi du temps de la semaine passée 


Et enfin, pour ceux qui ne l'auraient jamais vue, la fameuse vidéo du "Double rainbow" (je me demande si ce n'est pas mon chauffeur de taxi d'hier soir d'ailleurs) : 




lundi 21 mars 2011

Premier jour de stage

Cette première journée était vraiment incroyable. Et pourtant, elle aurait pu tourner court. Ce matin donc, comme prévu je me suis rendue à l’arrêt de bus desservi par les bus de ma compagnie aux alentours de 7h00.  A 7h14 pétantes, comme prévu encore, mon cœur se serre : voilà un bus blanc, le « Gbus » qui s’arrête. Je demande au chauffeur si c’est bien le bus que je recherche.  Le souffle court, entravant le passage des gens qui veulent monter, je lui explique avec un accent à faire pâlir Bourvil que c’est mon premier jour (sans blague … ). Il me dit « ok, je vais vous faire un badge. Donnez moi votre nom […], asseyez-vous ». La porte se referme, et au moment de m’asseoir je remarque que sur TOUS les sièges, un sigle bien connu me nargue en couleurs : GOOGLE ! Aaaarght ! Je suis dans le MAUVAIS bus !

Rassurez-vous, la mésaventure s’arrête là, le chauffeur avait à peine démarré et j’ai eu le temps de bredouiller que je m’étais trompée et de descendre en trombe du bus, écarlate et hilare (si si, je vous assure).  

Arrivée à destination, je me présente pour assister au «new hires orientation day ». Tous les lundis, les nouveaux arrivants ont droit à une journée de présentation de l’entreprise, des produits, etc … Très bien accueillis par un buffet remarquable (bagels, saumon fumé, muffins, jus de tous les fruits possibles), nous sommes 8 à entrer dans une grande salle de conférence où l’on nous fait remplir quelques fiches de renseignements … sur des MacBook Air. Oui, oui. Une première vidéo (sur 6 grands écrans) nous présente la compagnie avec un bon gros rock en fond sonore, façon vidéos de skateboard. Ensuite, un blabla sympathique, le mot clef de la journée est : enthousiasme. A chaque pause, le son de la radio rock revient décoiffer les nappes blanches et les bouquets soigneusement agencés. La journée est articulée autour de petits jeux ludiques en équipes, je retrouve les sensations du jardin d’enfants. Je suis la seule étrangère, parler à mes voisins m’impressionne un peu, mais ils acceptent de jouer avec moi : sauvée. J’ai même l’occasion de compenser mes lacunes grammaticales par mes connaissances d’étudiante en pharma, c’est dire ... En effet, la plupart des employés du jour vont plutôt travailler dans des fonctions support ou services techniques. Chacun y va de son expérience, le mélange est plutôt sympa. Tout le monde est «superkind ». Les repas et les attentions se succèdent, comme les cookies servis pour le goûter. Ici, il est connu que tout le monde prend 10 pounds en 2 mois tant les buffets sont bons et généreux !

A la fin de la journée, une personne de mon équipe vient me chercher –en voiture- pour m’amener dans l’immeuble où je ferai réellement mon stage. Le campus en effet est gigantesque. Mon immeuble donne en partie sur la baie et ses voiliers. On me dit que bien que les postes informatiques ici soient à moitié PC et à moitié Mac, "on est désolé mais tu devras travailler sur un MacBook. Est-ce que ça te dérange ? Bien sûr tu pourras l’emporter à la maison, ou l’utiliser dans le bus de la compagnie puisqu’il est équipé Wifi. Et aussi, comme on est très écolo, on te paie 4$/ jour pour prendre le bus de la compagnie et pas ta voiture hein" (le jour de ma revanche est arrivé on dirait, non ?). Je rencontre quelques personnes, tout le monde est encore très chaleureux, très direct. Certains sont perplexes car ils estiment que je ne vais peut-être pas vouloir participer à leur grande compétition : celui qui perd le plus de poids (en pourcentage de poids initial, je me suis renseignée) gagne environ 300 $, soit la cagnotte amassée grâce aux participations des nombreux compétiteurs !!!

This is not United States, this is California … 


samedi 19 mars 2011

Le charme opère ...

Je vous avais fait part à mon arrivée d'une certaine perplexité en découvrant la ville, qui ne "ressemblait pas à ce à quoi je m'attendais". 

Hier, j'avais envie non pas de me diriger vers les sites les plus touristiques mais de découvrir le quartier dans lequel je vis : Russian Hill, et ses environs. Ma ballade a commencé par un trajet en authentique cable car (j'entends par là une de celles que les San Franciscains utilisent, et non pas celles destinées aux touristes).

Voici le style des cable cars touristiques, que je compte tout de même prendre à l'occasion pour la vue plongeante qu'elles offrent sur la baie à l'arrivée du trajet :  


Après l'aller en cable car, j'ai effectué le chemin retour à pied, en poussant l'aventure beaucoup plus loin. Mes  mollets s'en souviennent : cette ville est un cardio-training perpétuel !


Mon trajet a débuté dans le Financial District, qui comme tout à San Francisco présente quelques excentricités : 

Dear spirit are you there ? Should I sell or should I buy ?

J'ai traversé California Street d'est en ouest (c'est là que j'ai croisé ce tramway rutilant et hilare). J'ai d'abord traversé Chinatown, le plus grand quartier chinois des Etats-Unis me semble-t-il (lu dans un de mes trop nombreux guides) : 



Quelques rues plus loin, je me trouvais dans Nob Hill, où deux rangées de maisons marshmallow me dressaient une haie d'honneur : plus aucun doute, j'étais bien à Frisco, côté pile. 

Exaltée par la vue des maisons couleur layette, j'ai décidé de poursuivre ensuite dans Pacific Heights - en marchant toujours tout droit depuis le début ! - quartier très chic aux devantures choc. Un délice pour ceux qui aiment les portes bariolées et le style rococo, et la moindre devanture a un jardinet fleuri. J'ai complètement jeté mon dévolu sur une maison bleu Klein et boiseries blanches ... 

En quête de magasins chic (j'imagine que personne n'est surpris), j'ai poursuivi jusqu'à Fillmore street. Une des caractéristiques de San Fran, c'est en effet que la quasi totalité des vitrines sont ... ultra moches. Moches comment ? Moches comme dans le village où habite votre grand-mère. Poussière vintage incluse. J'avais été prévenue (hein Coco), mais c'est toujours étonnant d'autant que certains magasins vendent des trucs super à l'intérieur ! Donc maintenant que vous avez cette image bien en tête, dites-vous que Fillmore street, c'est un peu comme une rue du Marais, très joli donc, très clean, très girlie en somme. Un exemple parmi d'autres, c'est là qu'est né ... : 

Because we're all friends with Benefit ... 
J'ai ensuite retraversé Pacific Heights d'ouest en est cette fois, en passant devant des immeubles toujours plus beaux, des jardins toujours plus luxuriants, plus verts. En contrebas, vers le nord, j'aperçois la baie puis de temps à autre Alcatraz. 

Arrivée au niveau de Polk street, j'ai mis le cap plein nord, marchant jusqu'à l'océan. 

Drôle d'endroit pour une rencontre

D'un côté la ville donc, et de l'autre ... 

Un voilier, devant Alcatraz.

La ville dans mon dos, je me suis arrêtée un instant à contempler ce paysage, avec à ma droite la jetée de Fisherman Wharf, toute en bois. Alors que je m'apprêtais à repartir, quelques rayons de soleil ont déchiré le patchwork de nuages gris perle, donnant à l'eau un éclat d'or pâle. Le Golden Gate Bridge s'est alors nimbé d'une brume opalescente, scintillante comme un sortilège.

J'étais définitivement sous le charme ... 

Le Golden Gate Bridge vu du SF Maritime Historic Park.







vendredi 18 mars 2011

Bloc Party

Dès le premier soir je suis allée avec mes colocs à une block party pour la Saint Patrick.
Les block parties sont des sortes de fêtes de quartier, mais comme ici tout est très réglementé les rues sont fermées par des barrière et la fête est encadrée par la police. En effet aux US la consommation d'alcool est d'habitude interdite sur la voie publique et il faut une autorisation pour servir des bières devant un concert de rue. L'accès est évidemment réservé aux personnes majeures ("Your ID please").



A "l'intérieur" de la fête - qui est fermée, mais dans en pleine rue donc - l'ambiance bat son plein, et les gens aussi (sont pleins). Un petit groupe , juché sur scène anime la soirée, alternant chansons des Pogues et morceaux folklos. La tradition est de porter quelque chose de vert, et les gens ont consacré à l'usage avec plus ou moins d'originalité, plus ou moins de premier degré. On est entouré par une forêt de chapeaux vert-lutin. Heureusement qu'on nous a vendu des Heinekein, qui n'ont d'irlandais que la couleur, pour mettre au point notre "costume". Tout le monde sautille, parodie ou exécute (ou parodie en voulant exécuter ?) les danses traditionnelles.


Les gens me semblent très ouverts à San Francisco, ça me rappelle les soirées toulousaines ou les inconnus se parlent le temps d'échanger quelques bons mots.

La fête se termine tôt (10-11 h), ce sera ensuite l'occasion de découvrir un bar qui me rappelle Barcelone. On est dans North Beach, le quartier italien.

Je n'ai toujours pas compris comment on reconnaît un taxi libre, je rentre a pied avec ma coloc'. On habite à "quelques blocs" de là, ce qui signifie qu'il faut escalader et redescendre deux collines très très très en pente pour rentrer chez nous !

Je me couche, il est 1h à SF, c'est comme si j'avais veillé jusqu'à 9h du mat' en France ...

Jour 1

Vol 0084 pour San Francisco.
Depuis le début des préparatifs de mon voyage, ce n'est véritablement qu'à Roissy que j'ai réalisé que j'allais passer les 6 prochains mois entourée d'américains. Devant la porte E76 le dépaysement à commencé. Je reconnais - sans trop me tromper je crois - qui mes compatriotes, qui mes futurs voisins. Qui essaie de doubler la file, qui affiche une décontraction parfois déconcertante. Certains, rivés sur leur écran-pomme, se sont affranchis des codes de leur pays de sang et ont adopté celui de leur pays de coeur, ou le contraire. Je ne sais pas à qui je m'identifie, à qui l'on m'identifie ?

Une douzaine d'heures et quelques bon films plus tard - agréable surprise ! Me voici dans l'aéroport de SF tout de verre et d'acier, dont on dirait que le haut plafond se jette dans le ciel.



J'aurais bien pris un Taxi Rock, mais c'est une navette bleue (shared vans) qui me déposera ensuite devant chez moi. Le système du Taxi partagé permet de faire quelques détours et donc d'avoir un premier aperçu de la ville : en accéléré les fresques de Mission, le Civic Center, les cable cars (tramways). L'architecture est beaucoup plus hétéroclite que ce à quoi je m'attendais (mais à quoi au juste ?), et les collines donnent tout son caractère à la ville. Par moments, on dirait un somptueux château de sable malmené par la marée.

Ceci me fait penser aussi, qu'au moment où le soleil - que j'ai poursuivi toute la journée - se couche enfin pour moi, il se lève sûrement sur le Japon. Je suis curieuse de voir comment les évènements de ces derniers jours sont analysés ici.

Le soir c'est la Saint Patrick, je vais avec mes colocs à une "bloc party", à quelques blocs de là (en langage San Francisco : on doit escalader et redescendre plusieurs collines !).